GAZETTE PINOCCHIO
Numéro 5 - Décembre 2005


Chers jeunes (et moins jeunes !) amis,

L’aventure de nos “gazettes internet Pinocchio” prend fin avec celle-ci, la cinquième. Une aventure d’une dizaine de mois, lors de laquelle nous avons tenté de vous faire pénétrer les secrets de la réalisation d’un spectacle, depuis les premiers prototypes de marionnettes, les premiers “labos”, la construction des décors, jusqu’à l’aboutissement d’une création que, nous espérons, vous aurez tous l’occasion de découvrir.

Cette dernière gazette sera donc l’occasion de vous montrer enfin quelques images de notre spectacle. Nous répondrons aussi aux questions posées par les enfants de l’école de Quettreville. Nous vous indiquerons en dernière partie quelques livres, DVD, CD, consacrés à Pinocchio qui ont retenu notre attention.

C’était un plaisir de vous donner de nos nouvelles durant cette longue période, et nous espérons que vous en avez pris autant à les lire que nous à vous les concocter. On vous embrasse toutes et tous et on vous souhaite bonheur et succès dans vos études et dans votre vie. Et à bientôt, pourquoi pas, pour les gazettes d’un futur spectacle !



Voici, pour commencer, la photo du décor. Nous vous avions montré de nombreuses images de sa construction dans la précédente gazette, le voici terminé ! Vous reconnaissez au fond (en termes de théâtre on dit : au lointain plateau) la motocyclette qui figure sur l’affiche que nous vous avions dévoilée également dans notre précédente gazette. Au centre, la carriole sur la table de laquelle Stéphanie et Michel, les deux comédiens-marionnettistes (plus besoin de vous les présenter !) manipuleront les marionnettes dans la plupart des scènes. D’autres objets mystérieux y figurent : un punching-ball à gauche de la scène (on dit : à jardin), une sorte de pyramide à droite (on dit : à cour)... Vous découvrirez leur raison d’être, on l’espère, en voyant notre spectacle.


QUELQUES IMAGES

Et voici les photos de certaines scènes (mais pas toutes !) de notre Pinocchio...

... à commencer par l’épisode le plus célèbre, celui durant lequel, après plusieurs mensonges de Pinocchio, le nez de notre héros pousse démesurément, au plus grand amusement de la Fée Bleue. Vous rappelez-vous les photos de cette scène prises lors d’un “labo” de préparation, que nous vous avions montré dans notre deuxième gazette ? Le costume de la Fée bleue a bien changé depuis, grâce au talent de notre costumière Françoise Dapp-Mahieu et de Rita Tataï qui l’a réalisé. Quant au nez de Pinocchio, que l’on voit réellement pousser durant cette scène, il y a bien sûr un “truc”, mais comme tous les magiciens qui se respectent, nous ne vous le dévoilerons pas !

Nous remontons maintenant quelques scènes auparavant, quand Pinocchio n’est pas encore “dégrossi” (ce Pinocchio “végétal” était la première photo que nous vous présentions dans notre première gazette : il n’a guère changé depuis !).
Dans cet épisode, le gendarme arrête Pinocchio qui s’enfuit de la maison paternelle et lui ordonne de cesser de bousculer les “honnêtes citoyens”. C’est alors que Pinocchio invente de toutes pièces qu’il est poursuivi par un bourreau d’enfants, Geppetto (son propre “papa”), et le fait enfermer en prison. Comme vous pouvez le constater, Pinocchio n’est pas toujours sympathique ! C’est ce qu’on appelle un anti-héros...



Dans l’épisode illustré par les deux photos ci-dessus, Pinocchio, toujours aussi indocile, revend le livre de lecture que lui a donné le généreux Geppetto au prix de son unique manteau, et s’achète avec les quatre sous récoltés une place pour le Grand Théâtre de Marionnette de l’Illustre Mangefeu. Et voici que Polichinelle et Arlequin (photo de gauche), deux marionnettes à fils, le reconnaissent et lui font signe de les rejoindre... Soudain (photo de droite), Mangefeu le montreur de marionnettes apparaît, furieux de voir que la représentation s’est interrompue, et menace Pinocchio. Comme vous pouvez le voir, Mangefeu est interprété par Michel en personne... ou presque, puisque le corps de Mangefeu est un corps de grande marionnette. Nous vous avions déjà montré cette technique de “semi-marionnette” dans notre deuxième gazette, mais sans le beau costume qu’a conçu pour lui Françoise et que vous découvrez aujourd’hui.

Voici maintenant un autre épisode, avec deux nouveaux et bien étranges personnages...


... le Renard et le Chat, deux fieffés escrocs, qui tenteront de voler à Pinocchio cinq pièces d’or que lui avait généreusement offertes Mangefeu. Ils iront même jusqu’à le pendre par les pieds pour obtenir le butin convoité. (On vous rassure : la Fée bleue tirera Pinocchio de ce mauvais pas...)


DES QUESTIONS, DES RÉPONSES...

Nous avons reçu des questions auxquelles nous allons nous faire un plaisir de répondre. Elles proviennent d’enfants de l’école publique de Quettreville, en Normandie, que l’équipe du Théâtre de Coutances, avec qui nous avons eu l’idée de ces gazettes Pinocchio, a mis en contact avec nous.

Est-ce qu'il va y avoir tous les personnages du film ? Coleen
Tu parles sans doute du dessin animé de Walt Disney...
Eh bien, au départ, Pinocchio n'est pas un film ! C'est une histoire écrite par un écrivain italien, Carlo Collodi, en 1881-1882. C'est à partir de cette histoire que nous avons réalisé notre Pinocchio, et pas du tout à partir du film de Disney. Dans notre gazette 4, toi et tes camarades avez pu trouver les épisodes de Collodi que nous avons retenus dans notre adaptation. L'histoire de Collodi est très différente du film de Disney, avec des personnages qui n'existent pas dans le dessin animé mais qu'on retrouvera dans notre spectacle : le Pêcheur vert, un paysan, une fouine... Dans notre spectacle, certains personnages qui existent dans le livre ET dans le film portent leur nom original, et pas le nom inventé par Walt Disney : le montreur de marionnettes s'appelle Mangefeu (Mangiafoco en italien) comme chez Collodi et non pas Stromboli comme chez Disney. C'est d'ailleurs un homme effrayant et bourru, mais qui au fond a un grand coeur, puisqu'il donne cinq pièces d'or à Pinocchio pour son pauvre papa Geppetto, alors que chez Disney il est très méchant... Le grillon n'a pas de nom, on l'appelle juste le Grillon parlant, et non pas Jiminy Criquet. La baleine de Walt Disney est en réalité un... Requin !, etc.
Nous n'avons pas gardé l'épisode du Pays des Jouets et de Pinocchio transformé en ânon qu'il y a dans le film, et un personnage comme Lucignolo (comment s'appelle-t-il dans le film ?) n'existe pas dans notre version, mais ne vous inquiétez pas : même si vous ne retrouvez pas ou ne reconnaissez pas certains personnages du film, vous en découvrirez beaucoup d'autres, et notre spectacle est plein de surprises...



le Pêcheur vert, la Fouine, le Requin : quelques personnages de Collodi... et du spectacle !



un Grillon parlant très différent
de Jiminy Criquet...

Comment allez-vous faire Jiminy tout petit ? Alexis
Notre réponse à la première question a déjà répondu en partie à la tienne. Précisons que dans l'aventure originale de Pinocchio écrite par Collodi, l'histoire du grillon n'est pas du tout la même que celle de Jiminy Criquet chez Disney, puisque le malheureux Grillon s'y retrouve écrasé par Pinocchio dès sa première scène, alors que chez Disney il devient "la conscience officielle" (!) de Pinocchio. Nous ne nous sommes pas du tout inspirés de la forme des personnages de Disney, mais nous avons donné à chaque personnage la forme que nous voulions et que nous inspirait la lecture de l'histoire de Collodi. Il faut bien savoir que l'histoire de Pinocchio a donné lieu à des centaines d'adaptations, et que celle de Disney n'en est qu'une parmi d'autres. A quoi cela servirait-il de vouloir refaire la même chose qu'un dessin animé, aussi beau soit-il, sur une scène de théâtre? Dans notre spectacle, notre Grillon est assez petit, mais quand même bien plus grand que Jiminy Criquet. Il fait à peu près les deux tiers de la taille de Pinocchio (donc environ 40 centimètres).

Comment faîtes-vous pour faire parler Pinocchio? Fanny
Notre Pinocchio est une marionnette (évidemment!) manipulée à tour de rôle par nos deux comédiens-marionnettistes, Stéphanie et Michel. Son visage est en latex souple, et sa bouche est articulée grâce à une pince à linge à l'intérieur, ce qui rend son visage très expressif. En même temps qu'il ouvre et ferme la bouche de Pinocchio, le comédien qui interprète son rôle dit son texte, en imitant la voix d'un petit garçon. Stéphanie et Michel savent très bien faire cela, puisqu'ils sont également capables de changer leur voix pour faire des personnages aussi différents que Geppetto, la Fée bleue, Mangefeu, le Chat et le Renard... et bien sûr Pinocchio lui-même!

Comment allez-vous faire les décors? Camille
Nous avons reçu toutes vos questions le jour même où nous avons envoyé la gazette 4. Tu as donc trouvé la réponse à ta question dans cette gazette-là !

Pourquoi avez-vous choisi Pinocchio? Alexis
Parce que c'est une belle histoire, tout simplement. Et parce que nous trouvons que le personnage de Pinocchio est à la fois très drôle et très émouvant.
Et puis, lorsqu'on est marionnettiste, il est très tentant de raconter l'histoire d'une marionnette...
Pour les plus grands, toujours en réponse à cette question, voilà le texte que nous allons inscrire dans notre plaquette de présentation du spectacle (en cours d’impression) :
Pour de nombreux marionnettistes, Pinocchio est un mythe. Ne s’agit-il pas des aventures d’une célébrissime marionnette ? À la construction en forme de théâtre dans le théâtre qu’implique toute mise en scène marionnettique de Pinocchio, nous avons même rajouté une strate, puisque nous racontons l’histoire d’un marionnettiste et de sa jeune partenaire (sa fille ? son apprentie ?) qui construisent et répètent un spectacle nommé... Pinocchio !
Mais ce n’est pas le défi présomptueux d’affronter un mythe qui nous a convaincus de le traduire scéniquement. C’est la relecture de l’oeuvre de Collodi elle-même. Nous croyions, comme tout le monde, la connaître, mais nous avions oublié sa richesse et l’extraordinaire force tragi-comique de son héros — héros devenu un classique, et donc à jamais moderne puisque, comme l’écrivait Italo Calvino : « un classique, c’est un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire ».



une des dernières scènes du spectacle, où Pinocchio retrouve
Geppetto naufragé et avalé par un requin gigantesque...


BIBLIOGRAPHIE, DVD, CD...

Livres

Les éditions de Pinocchio sont innombrables, que ce soient les traductions intégrales, les versions pour les tous jeunes, les livres illustrés... On trouvera sans difficulté toutes ces références sur internet : il n’est pas de notre rôle ni de notre compétence (nous sommes loin d’avoir tout lu !) de dégager une bibliographie idéale au milieu d’une telle masse. Nous nous bornerons donc à trois conseils de lecture :

  • Pour les grands, nous conseillons l’édition de poche Flammarion (collection GF), traduction d’Isabelle Violante pour trois principales raisons : elle est bilingue, la traduction nous a paru, et d’assez loin, la meilleure, et parce que l’avant-propos et le dossier sont documentés et fort intéressants.
  • L’édition illustrée relativement récente qui nous paraît la plus belle est incontestablement celle du génial dessinateur Lorenzo Mattotti (Albin-Michel Jeunesse). Elle est pour le moment épuisée, mais il ne semble pas trop difficile de la trouver d’occasion par internet (coût 15 euros environ).
  • Parmi les essais consacré à Pinocchio, nous en retiendrons un : Pinocchio : un livre parallèle de Giorgio Manganelli (éd. Bourgois). Un commentateur l’a dit : on peut dire tout et n’importe quoi sur Pinocchio, et tout marche ! Plutôt qu’une savante étude psychanalytique ou littéraire, nous conseillons donc ce curieux essai à la fois érudit et poétique qui suit Pinocchio à la trace d’une manière quelque peu fantaisiste.


Vidéos, dvd

Les trois versions filmées les plus célèbres sont sans doute le dessin animé de Walt Disney, celle de Luigi Comencini et la plus récente, de Roberto Benigni. Toutes trois sont disponibles en Dvd Zone 2.

  • Le dessin animé de Disney est pour beaucoup dans la gloire universelle de Pinocchio. Pourtant, la version de Disney ne conserve, en les modifiant largement, que quatre épisodes principaux : la fabrication de Pinocchio par Geppetto, Pinocchio et Mangefeu – rebaptisé Stromboli –, le Pays des Jouets et Pinocchio retrouvant Geppetto dans la Baleine (en lieu et place du Requin, donc...). Le Pinocchio de Disney est empreint d’une morale bien-pensante et puritaine (voir le sort fait au Grillon...), mais cela ne l’empêche pas d’être un chef d’oeuvre visuel et d’être servi, comme toujours chez Disney, par une équipe de scénaristes astucieux.
  • Nous n’aimons guère le Pinocchio de Begnini, avec un Pinocchio de cinquante ans interprété par Benigni lui-même dans des décors surfaits et des aventures ayant perdu toute saveur.
  • Le Pinocchio de Comencini est superbe. Il part d’un postulat qui semble contredire l’idée originale, puisque Pinocchio y est interprété de bout en bout (ou presque) par un petit garçon, mais il garde toute la poésie du conte de Collodi, son goût de l’enfance et de l’aventure.


Cd

Nous n’avons pas entendu la version proposée par Annie Duperey et Daniel Prevost (Emi, collection Les contes de toujours), mais nous avons écouté et apprécié (même si elle manque à peu de fantaisie à notre goût) celle des éditions Frémeaux et associés, servie par une distribution non moins prestigieuse : Anouk Grimberg, Zabou Breitman, Jean-Pierre Cassel, Jean Topart...

Pour finir, un site internet français consacré à Pinocchio tenu par un fin connaisseur :
http://perso.wanadoo.fr/joseph.cabioch

le moment est venu de se quitter...



AU REVOIR !


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