La Polyphone
Création : octobre 2004
Au début il y avait l’argile… Et la Polyphone qui la modelait, la remodelait et cherchait sans trouver.
Puis une voix aigre se fit entendre : c’était l’Angoisse, statuette aux yeux verts et au rictus cynique. « Pourquoi tu continues à travailler si tu rates tout ce que tu fais ? ». À quoi la Polyphone répondit : « Je travaille pour comprendre pourquoi ça rate ! ».
D’autres voix se firent entendre, cruelles ou compatissantes. Elles empruntaient les traits d’œuvres africaines ou océaniennes, sources d’inspiration qui emplissaient l’atelier de la sculptrice : statue yoruba, masque à cornes d’antilope Kwélé, figure mélanésienne à deux têtes, bâton de danse de Nouvelle-Guinée et beaucoup d’autres : autant de voix intérieures qui avaient décidé de se personnifier et de dialoguer à l’air libre dans la caisse de résonance du grand atelier de la Polyphone plutôt que dans celle, trop étroite, de sa boîte crânienne.
Ça parlait d’échec et de talent, de solitude et de souvenirs, de cerveau gauche et de cerveau droit, ça murmurait, ça gueulait et ça riait en une polyphonie intime et carnavalesque.
Puis au bout d’une heure de cette folie douce, une effigie Dogon désigna d’un geste impérieux le modelage inachevé. La Polyphone se dirigea vers son argile, y porta lentement ses mains. Le spectacle se terminait, elle allait peut-être trouver ce qu’elle cherchait.
Malgré de très forts soutiens qui nous ont permis de mener la production de La Polyphone avec toute l’ambition nécessaire, ce spectacle est celui des dernières années qui a le moins tourné. Il nous faudra écrire dans notre gazette, un jour, un texte sur la difficulté de tourner un spectacle de marionnettes pour adultes, qui plus est lorsqu’il aborde un sujet qui s’écarte des sentiers battus…
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Crédits photos : Henri Parent
Co-production : le Rive Gauche - Scène conventionnée de Saint-Etienne-du-Rouvray, le Cratère - Scène nationale d’Alès, la Grande Ourse - Scène conventionnée de Villeneuve-lès-Maguelone, Palais des Arts - Vannes, la Passerelle de Rixheim.
Co-réalisation : TJP Strasbourg - CDN d’Alsace.
Avec le soutien du Ministère de la Culture (DRAC Alsace), du Conseil régional d’Alsace, de la Ville de Strasbourg et du Conseil Général du Bas-Rhin.
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